Brésil Littérature

« Raconter c’est résister… » La fin d’une génération d’écrivains brésiliens.

Par François Weigel, professeur de langue française et littératures, Université fédérale du Rio Grande do Norte, prix de thèse IdA 2018.

Les 15 avril dernier, la mort du Chilien Luís Sepulveda, victime du coronavirus, n’est pas passée inaperçue en France, où son roman Le vieux qui lisait des romans d’amour (1992) avait connu un franc succès éditorial. 

Sepulveda avait dédié sa fable politique au militant écologique amazonien Chico Mendes, mais ce n’est pas là son seul lien avec le Brésil, puisqu’à plusieurs reprises il assénait la formule « raconter, c’est résister » (narrar é resistir), qu’il empruntait  au Brésilien Guimarães Rosa. Sepulveda, enfin, est parti en même temps que d’éminents confrères brésiliens, Rubem Fonseca et Luiz Alfredo Garcia-Roza, morts les 15 et 16 avril. Un peu plus tard, le 4 mai, le compositeur et chansonnier Aldir Blanc a succombé des suites du coronavirus et, ce mardi 5 mai, c’est l’écrivain Sérgio San’t Anna qui a été interné aux urgences, dans un état très grave. [NDR Il est décédé le 10 mai 2020].

Luiz Alfredo Garcia-Roza (crédit Companhia das Letras)

Alors que le président Bolsonaro, à aucun moment, n’a esquissé le moindre hommage, cet enregistrement sonore rend justice à ces manieurs de mots qui ont occupé une place majeure dans les lettres brésiliennes et ont, chacun à leur façon, illustré cette belle formule : « raconter, c’est résister ».

Natal (Brésil), 9 mai 2020

François Weigel a obtenu le Prix de thèse IdA 2018 (#Thèse180 Vidéo en ligne) thèse soutenue à l’Université Clermont Auvergne, il est aujourd’hui professeur de langue française et littératures, Université fédérale du Rio Grande do Norte et directeur du laboratoire d’études sur le Brésil, la France et le monde francophone (BREFF)

Bibliographie :
BLANC (Aldir), Rua dos Artistas e Arredore, São Paulo, Codecri, 1978
FONSECA (Rubem), Feliz Ano Novo, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 2010 (1975)
FONSECA (Rubem), O cobrador, São Paulo, Companhia das Letras, 1989 (1979)
FONSECA (Rubem), Un été brésilien, traduit par Philippe Billé, Paris, Grasset, 1993 (1990)
FONSECA (Rubem), Romance negro e outras histórias, São Paulo, Companhia das Letras, 1992
GARCIA-ROZA (Luiz Alfredo), Le silence de la pluie, traduit du portugais par Valérie Lermite et Eliana Machado, Paris, Actes Sud, 2004 (1996)
GARCIA-ROZA (Luiz Alfredo), Objets trouvés, traduit par Vitalie Lemerre et Eliana Machado, Paris, Actes Sud, 2005 (1998)
GARCIA-ROZA (Luiz Alfredo), L’étrange cas du docteur Nesse, traduit par Sébastien Roy, Paris, Actes Sud, 2010 (2001)
GARCIA-ROZA (Luiz Alfredo), Une fenêtre à Copacabana, traduit par Vitalie Lemerre et Eliana Machado, Paris, Actes Sud, 2008 (2004)
GARCIA-ROZA (Luiz Alfredo), Nuit d’orage à Copacabana, traduit du portugais Sébastien Roy, Paris, Actes Sud, 2015 (2006)
SAN’T ANNA (Sérgio), Confissões de Ralfo: uma autobiografia imaginária. Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, 1975.
SAN’T ANNA, (Sérgio), Un crime délicat, traduit par Izabella Borges, Paris, Envolume, 2015 (1997)