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Open or not open education : un débat à fronts renversés entre France et États-Unis

Par James Francis, principal du collège Sonoran Science Academy de Tucson , Arizona. Il détient un PhD en Transformative Leadership in Education.

Par David Blanchon, Professeur de géographie à l’Université de Paris Nanterre et chercheur à l’IRL Iglobes (CNRS/University of Arizona).

En aout 2020, les syndicats enseignants de Tucson manifestaient contre la réouverture des écoles. Ce mouvement, porté par les syndicats enseignants proches du parti démocrate,  se retrouvait au même moment dans tous les États-Unis, où près d’un tiers des écoles n’a pas rouvert depuis le printemps 2020. Il pouvait être résumé par une des enseignantes de la manière suivante :

« We can’t control if it’s safe for our students to come back to school, and yet we’re being told by our governor, who hasn’t cited any scientific metrics, that we should be back in school on Aug. 17 and that it’s totally okay for students, teachers, staff, to return to schools on that date. ».

(Nous n’avons aucun moyen de savoir si nos élèves peuvent retourner à l’école en toute sécurité, et pourtant notre gouverneur, qui n’a cité aucune donnée scientifique, nous dit que nous devrions retourner à l’école le 17 août et qu’il est tout à fait normal que les élèves, les enseignants, le personnel retournent à l’école à cette date).

Propos d’une professeure d’anglais à Tucson, reportage NPR, juillet 2020.

Au début de l’année 2021, la réticence d’une grande partie des syndicats des enseignants face à la réouverture des établissements scolaires publics n’a pas faibli.

Manifestation de professeurs opposés à la réouverture des écoles à Des Moines en juillet 2020 (Source Wikicommons)

En France, au contraire, la réouverture des écoles et des collèges, a toujours été présentée comme une priorité après le premier confinement, rencontrant peu d’opposition, tant pour les parents que pour les syndicats enseignants. Et les établissements primaires et secondaires, y compris les classes préparatoires, sont restés ouverts pendant le deuxième confinement en novembre 2020. Ce mouvement pro-ouverture, poussé par des syndicats classés à gauche du spectre politique, s’est aussi largement développé contre la fermeture des établissements d’enseignement supérieur.

Ainsi, en novembre 2020, le Snessup, soutenait que les dommages éducatifs étaient bien supérieurs aux dangers sanitaires,  à propos cette fois des universités :

 « Comment peut-on justifier sur le plan sanitaire que les universités soient les dernières à rouvrir, après les restaurants, les salles de sport… et bien après les commerces et les lieux de culte ! Tout se passe comme si l’enseignement en mode « dégradé » à distance, que nous avons été contraint·es de mettre en place, réglait tous les problèmes. Comme si les universités ne rencontraient aujourd’hui aucune difficulté, ni pour les activités d’enseignement ni pour les activités de recherche ? Il n’en est rien. Faut-il le répéter ? Les modalités actuelles d’enseignement produisent des effets psychologiques délétères qui risquent de se prolonger largement au-delà de la crise sanitaire.

Communiqué SNESSUP, novembre 2020

Ce faisant, il reprenait, probablement sans le savoir, et très paradoxalement vu leur positionnement politique, les arguments avancés par Donald Trump le 12 aout 2020 en faveur de la réouverture des écoles : `

« The unintended consequences of keeping schools closed could damage our children’s education for years to come and hinder our Nation’s economic comeback. Canceling in-person classes and allowing only virtual learning disproportionally harms the education of lower-income children. During school closures in the spring, students’ math progress in low-income zip codes decreased by roughly 50% and students in middle-income zip codes fell by a third. A recent analysis found that if in-person classes don’t resume until January 2021, Hispanic, Black, and low-income students will lose 9.2, 10.3, and 12.4 months of learning, respectively. »

(Les conséquences imprévues de la fermeture des écoles pourraient porter atteinte à l’éducation de nos enfants pour les années à venir et entraver la reprise économique de notre Nation. Annuler l’enseignement en présentiel et n’autoriser que l’enseignement virtuel atteint de manière disproportionnée les enfants des classes à bas revenus. Pendant la fermeture des écoles du printemps, la progression des élèves en mathématiques dans les zones défavorisées a diminué d’environ 50% et celle des élèves dans les zones à revenus moyens d’un tiers. Une analyse récente a indiqué que si l’enseignement en présentiel ne reprend pas avant janvier 2021, les étudiants hispaniques, noirs ou issus de classes à bas revenus perdront en moyenne chacun 9,2 , 10,3 et 12,4 mois d’enseignement).

Communiqué de la Maison Blanche, 12 août 2020.

Comme le montrent ces quelques citations, le débat sur la manière d’adapter la politique scolaire face à la pandémie s’est donc déroulé à front renversé entre les deux pays, faisant apparaître toute sorte d’asymétrie entre les deux pays. En France, les syndicats de gauche soutiennent la réouverture des établissements, en présentiel, avec quelques précautions sanitaires, alors qu’aux États-Unis, la pression de Donald Trump (et des gouverneurs républicains) en faveur de la réouverture rencontre une forte résistance des Démocrates et des syndicats enseignants. Dans le premier cas, la réouverture des établissements du primaire et du secondaire est maintenue jusqu’à aujourd’hui en dépit du contexte sanitaire, alors que dans le second les écoles publiques sont souvent fermées jusqu’à aujourd’hui. Comment expliquer cette double opposition entre les deux pays ?

La Covid-19 a été, comme pour d’autres domaines, un très fort révélateur des systèmes scolaires, dévoilant la très forte décentralisation étasunienne qui s’oppose à l’hypercentralisation française.

Aux États-Unis : une décentralisation extrême génératrice d’inégalités

Aux États-Unis, le président a, de fait, très peu de pouvoir en matière d’éducation, qui relève essentiellement des États. Mais même à ce niveau, les gouverneurs n’ont qu’un pouvoir limité, l’essentiel revenant aux Comtés et aux Mairies. Et même à cette échelle, une grande partie du pouvoir est délégué aux “School districts” (SD), dont le Board est élu par l’ensemble de la population concernée[1]. Un “School district” couvre généralement une ville (ou une partie). Pour le comté de Pima, en Arizona, qui regroupe environ 1 million d’habitants, on compte ainsi 13 School districts. Ces districts jouent une partie du rôle du rectorat en France, et le pouvoir de décision sur l’ouverture des écoles leur échoit, même s’ils reçoivent des recommandations (guidelines) de la part des échelons supérieurs.

Panneau indiquant la fermeture des écoles pour cause de COVID en Pennsylvanie (Source Wikicommons)

Cette décentralisation extrême a deux conséquences. Tout d’abord, la diversité des situations à toutes les échelles, entre États, comtés et même d’une rue à l’autre. Ainsi, à ce jour, Tucson Unified School (TUSD) district a décidé de ne pas rouvrir les écoles primaires et secondaires, alors que le district voisin de Vail a rouvert le 21 septembre 2020. D’un côté à l’autre d’Irvington Road, la situation d’un élève pouvait être différente.

La seconde est que la position des School districts reflète en partie la composition politique des habitants du district. Ainsi les cartes électorales par “precinct”, TUSD apparaît clairement en bleu, couleur des Démocrates, alors que Vail est en rouge profond et donc tenu par les Républicains. Les premiers, plutôt à gauche, sont en faveur de la fermeture des écoles et les seconds, à droite, insistent sur la réouverture.

Le même phénomène se retrouve dans l’enseignement supérieur, avec également une extrême déconcentration et une grande autonomie des établissements d’enseignement supérieur, même publics comme l’université d’Arizona (voir ce blog pour un exemple des mesures prises par une université publique). Là encore, l’Université la plus proche de Donald Trump, Liberty University en Virginie, qui se présente comme la plus grande université évangélique au monde, s’est vantée publiquement dès mars 2020 d’accueillir tous ses étudiants en présentiel – devenant un des principaux clusters de l’État le mois suivant… À l’opposé, le système de l’Université de Californie, qui rassemble toutes les universités de l’Etat comme Berkeley ou UCLA, a décidé la fermeture de tous ses campus jusqu’à l’automne 2021, et le passage à un enseignement intégralement à distance.

Dans ce contexte, le nouveau positionnement du CDC, qui insiste désormais sur le fait que les données scientifiques montrent qu’il est possible de rouvrir les écoles si un protocole sanitaire strict est suivi, risque de ne pas modifier fondamentalement la situation sur le terrain, comme le prouve la position des enseignants de Chicago, qui ont décidé, contrariant les instructions du district, de maintenir l’enseignement à distance.

En France, la verticale du pouvoir

Cette décentralisation extrême fait ressortir par contraste l’extrême centralisation française, où les marges de manœuvre locale, du primaire au supérieur, sont limitées. Les textes règlementaires diffusés aux personnels, commençant invariablement par une liste de décrets et autres circulaires ministérielles qui démontrent l’implacable verticalité du système. Les adaptations locales ne sont ni prévues ni autorisés, même si la situation épidémique et les conditions de transmission du virus peuvent être très différentes entre une grande université d’Île-de-France et une antenne universitaire d’une petite ville.

Extrait de la note du 16.11.2020 à l’attention des personnels de Nanterre.

“Décret n°2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire

Décret n° 2020-1365 du 10 novembre 2020 pris pour l’application de l’article 20 de la loi n°2020-473 du 25 avril 2020 de finances rectificatives pour 2020

Circulaire du 30 octobre 2020 de la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation ayant pour objet la mise en œuvre d’un confinement adapté dans l’enseignement supérieur et la recherche

Circulaire du ministère de la transformation et de la Fonction publiques du 10 novembre 2020 relative à l’identification et aux modalités de prise en charge des agents publics civils reconnus personnes vulnérables”

Cascade de textes réglementaires issus du ministère qui sont systématiquement en tête des textes officiels, montrant l’importance de l’encadrement et la centralisation du système français.

Face à ce pouvoir émanant du ministère, les syndicats n’ont comme moyen de se faire entendre que des communiqués de presse, comme celui cité en introduction, ou le recours à la grève, et les parents d’élève et enseignants que de signer des tribunes ou de manifester.

Un débat à front renversé. Quelques éléments d’explications

La situation sanitaire n‘explique pas à elle seule la tournure très différente des débats entre la France et les États-Unis. L’Arizona a connu par exemple un développement de l’épidémie similaire à celui connu dans l’hexagone, avec un décalage de quelques semaines, y compris pour la deuxième vague de l’automne-hiver. Dans les deux cas, les effets délétères de la fermeture des écoles, notamment pour les enfants les plus fragiles, ont été diagnostiqués. En réponse, TUSD a organisé dès avril 2020 – date de la fermeture- des livraisons de repas pour les enfants qui ne prenaient qu’un repas correct à la cantine. En août, une distribution d’ordinateurs a été également organisée par le TUSD, avec la possibilité pour quelques élèves sans accès internet de venir suivre les cours en ligne dans les écoles.

Cependant, malgré une claire conscience des risques psychologiques et sociaux associés à la fermeture des classes, on constate en Arizona et aux États-Unis en général, une résistance très forte du corps enseignant à la réouverture des écoles. A l’opposé, en France, la réouverture des écoles a été considérée comme indispensable et elle est maintenue malgré la dégradation du contexte sanitaire et la multiplication des restrictions de déplacement, ce alors que dans le même temps les universités demeurent fermées de peur qu’elles deviennent des clusters de la COVID-19.

Les asymétries entre les deux pays sont donc nombreuses : ouverture uniforme du scolaire en France et tendance à la fermeture avec une immense variété de situations aux États-Unis ; fermeture presque uniforme du supérieur en France et tendance à l’ouverture des universités américaines ; gauche en faveur de la réouverture de nombreux établissements en France alors qu’elle défend la fermeture des écoles aux États-Unis…

En plus de la centralisation ou décentralisation des systèmes politiques, plusieurs éléments peuvent expliquer ce débat à front renversé..

En premier lieu, l’extrême politisation du débat sur la réouverture des écoles a joué de manière inverse. Aux États-Unis, les prises de position du président D. Trump et de certains gouverneurs républicains ont fortement “braqué” les syndicats enseignants, marqués à gauche, et de nombreux habitants dans les zones démocrates, qui ont donc poussé pour une fermeture de précaution des établissements scolaires. En France, au contraire, les craintes autour de la contraction de l’activité économique ont amené le gouvernement à favoriser un retour dans les écoles pour permettre aux parents de (télé)travailler.

En second lieu, le débat sur la COVID-19 dans les deux pays a été “contaminé”, si l’on ose dire, par d’autres questions. Ainsi, aux États-Unis, la longue grève des enseignants de 2018, centrée autour de la revendication de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, est encore présente dans les esprits. La perspective d’une reprise des cours dans une situation sanitaire non maîtrisée a pu être perçue comme une nouvelle forme de mépris de la part des Républicains et comme une nouvelle dégradation des conditions de travail des enseignants, envoyés “au front” sans moyens.

En France, l’épidémie de COVID-19 est venue se greffer sur les intenses débats qui ont entouré la réforme des retraites, la réforme du Baccalauréat ou la Loi de Programmation de la Recherche. La fermeture prolongée des universités, alors que les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, spécificité française et vue parfois comme symbole élitiste, sont restées ouvertes, a pu être identifiée par certains comme un manque de respect pour les universités qui accueillent un public plus divers. Et la généralisation de cours en visio-conférence a pu être perçue comme un moyen pour faire encore plus d’économies dans l’enseignement supérieur, ce alors que la plupart des universités sont aux prises avec des conditions financières très dégradées.

Une pétition récente soutenue par des enseignants de l’Université Bordeaux Montaigne intitulée pour une “Reprise immédiate des cours à l’Université” reprend une partie de ces arguments. Elle fait même remonter la crise des universités à la Loi sur les Libertés et les Responsabilités des Universités » [LRU] de 2007 et dénonce le fait que :

« la seule réponse du gouvernement français a été d’accélérer le ‘virage numérique’ [50 millions d’euros investis dans les ‘formations hybrides’, deux millions d’euros engagés par l’Université de Bordeaux dans la création de ‘zoom-rooms’]. Pour parer à la crise sanitaire et pédagogique, aucun plan sérieux n’a été envisagé dans notre pays.”  

Pétition circulant à l’université de Bordeaux

Comment revenir à la normale et surmonter les peurs ?

Alors que la vaccination peut laisser entrevoir une amélioration de la situation dans les mois à venir, le retour à la normale fait aussi l’objet de nombreuses polémiques. En France, il ne concerne de fait que les universités, puisque les écoles sont généralement restées ouvertes. Aux Etats-Unis, la  situation est beaucoup plus tendue, vu que dans certains Etats, comme l’Arizona, les écoles publiques sont fermées depuis près d’un an maintenant. Le débat sur l’opportunité de rouvrir les écoles, entre parents et politiciens, y fait donc rage. Mais il néglige souvent un groupe de pourtant incontournable : les enseignants.

De nouvelles recherches sont en cours sur la capacité du virus COVID-19 à se propager parmi les étudiants. Celles publiées par le Center for Infectious Disease Research and Policy de l’Université du Minnesota, montrent que le risque pour les élèves de contracter le COVID-19 à l’école est relativement faible. Ces données  sont utilisées par de nombreux partisans de la réouverture des écoles. Selon eux, les élèves n’étant pas à haut risque et en raison de la faible transmissibilité du virus parmi les jeunes, les écoles devraient rouvrir afin d’éviter aux élèves de perdre du temps dans leurs curriculum. Mais ce que beaucoup d’articles et d’études ne prennent pas en compte, c’est l’état émotionnel et le bien-être des enseignants.

Selon un article publié par le Southern Regional Education Board, alors que les universités enregistrent une augmentation des inscriptions dans les programmes de formation à l’enseignement, on observe un nombre croissant de départs à la retraite anticipée et de jeunes enseignants quittant la profession. Ceci, s’ajoutant au turnover rapide des enseignants et à l’augmentation des licenciements dus aux coupes budgétaires, conduit à une pénurie accrue d’enseignants aux États-Unis. Dans ce contexte, un facteur pourrait s’avérer très important mais difficile à quantifier : la peur d’être contaminé, surtout quand on fait partie d’un groupe plus à risque. En effet, si le risque semble peu élevé pour les élèves, il n’en est pas de même pour leurs professeurs qui sont parfois âgés ou atteints de pathologies les rendant vulnérables. Apaiser cette peur et parvenir à une « nouvelle normalité » est une tâche bien plus ardue que prévu.

Pour autant, la décision de garder les écoles ouvertes ou fermées ne peut pas être fondée sur l’émotion, mais doit être fondée sur des faits. En Arizona, l’évaluation du risque par de nombreuses écoles est fondée sur les données du Département des services de santé de l’Arizona (AZDHS). Trois indicateurs de référence sont utilisés : le nombre de cas pour 100 000 personnes, le taux de positivité des tests et le taux d’hospitalisation lié à la COVID-19. Ces trois indicateurs, qui sont publiés à l’échelle des comtés, servent à déterminer les modalités de fonctionnement des écoles par rapport à la pandémie : apprentissage à distance, hybride (les familles peuvent choisir de faire venir leur élève quelques jours par semaine ou de rester à la maison), ou présentiel (les écoles sont entièrement ouvertes). Pour le moment, les indicateurs sont trop dégradés pour le retour en classe, et le mode d’enseignement recommandé est « à distance ».

Les benchmarks pour la réouverture des écoles en Arizona. (Capture d’écran le 27/01/2021 ; source AZDHS)

La COVID-19 comme révélateur des systèmes d’enseignement

En matière d’éducation, la COVID-19 apparaît comme un révélateur de situations opposées entre la France et les États-Unis, entre un centralisme faisant fi des particularités sanitaires locales d’un côté de l’Atlantique et une fragmentation extrême génératrice d’inégalités de l’autre. Cela souligne également les priorités de chaque pays, portées sur le primaire, le secondaire et les classes préparatoires en France, face aux universités, fort enjeu économique aux Etats-Unis.

Mais au-delà de la réactivation de débats anciens, l’épidémie de COVID-19 a aussi contribué à reformuler des débats, tant sur la place des objets techniques (ordinateurs, tablettes, logiciels de visioconférence…) que sur le degré d’autonomie des établissements ou la place de l’origine (rôle des parents, reproduction sociale, question raciale notamment aux Etat-Unis) dans la question des inégalités scolaires. C’est pourquoi l’opposition à « front renversé »  Droite/Gauche, Démocrates/Républicains apparaît peu lisible de prime abord, mais plus logique lorsque que l’on considère l’organisation et l’histoire récente des systèmes éducatifs.

Tucson, le 29 janvier 2021

James Francis est principal du collège Sonoran Science Academy de Tucson, Arizona. Il a 12 ans de carrière dans le système scolaire américain, ayant auparavant travaillé comme administrateur et professeur de musique dans une école de Boston, Massachusetts. Il détient un PhD en Transformative Leadership in Education.

David Blanchon est professeur de géographie à l’Université de Paris Nanterre et chercheur au sein de IRL Iglobes à l’université d’Arizona (Tucson). Il remercie F. Keck, François-Michel Le Tourneau et Régis Ferrière pour leurs remarques et suggestions sur ce texte.


[1] Ces élections ont lieu en même temps que l’élection générale, ce qui contribue à l’extrême complexité du système électoral américain, chaque School district ayant donc des bulletins de vote différents…

Une réponse sur « Open or not open education : un débat à fronts renversés entre France et États-Unis »

[…] En ayant recours à des transferts financiers directs et sans contrepartie, le plan Biden renoue avec une forme ancienne de l’aide sociale, qui définit la lutte contre la pauvreté comme un enjeu national. De fait, la pandémie de Covid-19 affecte de manière disproportionnée les populations les plus pauvres, notamment les Africains-Américains. A New York, les données de la municipalité révèlent que les quartiers pauvres de Brooklyn et du Bronx sont particulièrement touchés. Au début de l’année 2021, les quartiers comptant le plus d’hospitalisation étaient ceux de Bright Beach et Coney Island dans le sud de Brooklyn (306,9 hospitalisations pour 100 000 habitants) et ceux de Parkchester et Pelham Parkway dans le Bronx (219,1)[2]. Les données sur mortalité révèlent une répartition similaire : celle-ci est parfois deux fois plus élevée dans les quartiers pauvres que dans le reste de la ville. Pour ces populations, la crise est autant sanitaire que sociale et économique puisqu’elles sont particulièrement affectées par les pertes d’emploi et de revenu engendrées par la contraction de l’économie et sont aussi plus exposées à la déscolarisation. […]